Bizutage en médecine, lettre au Président et directeur d’UFR

Monsieur Denise, Président de l’Université de Caen Normandie,

Monsieur Touzé, Directeur de l’UFR Santé,

 

Caen, le 20 septembre 2017

Objet : bizutage en médecine

 

Les syndicats Sud Éducation Calvados et SL Caen portent à votre connaissance plusieurs signalements de bizutage ayant cours à l’UFR Santé qui nous ont été rapportés au cours de l’année dernière.

D’après ces témoignages, un bizutage est organisé annuellement par la corporation des étudiant.e.s de médecine de Caen, particulièrement auprès des étudiants et étudiantes de deuxième année. Par le biais d’un « groupe privé » Facebook créé chaque année en septembre-octobre pour cette promotion, la corporation envoie une liste d’environ 60 actions appelées « commandements » que des groupes doivent réaliser et filmer pour recevoir des « points ». En plus d’appeler explicitement les étudiant.e.s des « bizuths » (alors que le bizutage est illégal) et d’être basés sur de l’humiliation, souvent à caractère sexiste et homophobe, plusieurs de ces gages sont des incitations à faire des actes illégaux, allant de l’exhibitionnisme à faire des attouchements sexuels à des inconnu.e.s, ou encore tourner un film pornographique (faire un « Jacquie et Michel »). Ces pratiques ont cours tous les ans, malgré le renouvellement de l‘équipe d’organisation.

D’autres moments de l’année universitaire (particulièrement le « WEB », « Week-end Bizutage ») sont aussi l’occasion de bizutage (notamment par l’incitation à consommer de grandes quantités d’alcool, « jeux » humiliants à caractère sexuel). Des vidéos vantant ces pratiques sont régulièrement mises en ligne par la corporation des étudiant.e.s de médecine et sont consultables à ce jour.

La corporation des étudiant.e.s de médecine a déjà été reprise plusieurs fois ces dernières années pour avoir diffusé des messages à caractère sexiste, voire d’incitation au viol. Nous vous rappelons que la vidéo du gala 2013 (intitulée « Exhibitodance »), mettant en scène le viol d’une professeure par un groupe d’étudiants, censurée à la demande de Clotilde Lemarchant, chargée de mission Egalité Femmes-Hommes, est toujours accessible en ligne, contrairement aux engagements pris. Nous vous rappelons également que l’affiche d’annonce du gala 2017, mettant en scène une femme nue, ensanglantée et inconsciente entourée d’hommes hilares, a été censurée à la demande de Sud Éducation et SL Caen ; pour autant, cette affiche était de nouveau visible sur internet quelques jours après son retrait. Le Président s’était alors ainsi engagé dans sa réponse du 9 mars 2017 : « De plus, les organisateurs rédigeront une lettre ouverte d’excuses. Une charte sur le respect sera élaborée par un groupe de travail et diffusée à l’échelle de l’établissement après présentation en CFVU ». Aucune lettre ouverte d’excuses ne nous est à ce jour parvenue, aucune « charte sur le respect » non plus.

Compte tenu des éléments très choquants signalés dans ce courrier, il est évident que les mesures prises jusqu’ici par l’Université pour empêcher le bizutage (rappeler le cadre légal et les numéros du SUMPPS et du Rectorat sans garantir explicitement l’anonymat des témoins, comme le fait le message du Président du mardi 12 septembre 2017 intitulé « message relatif au bizutage ») sont insuffisantes. La corporation des étudiant.e.s de médecine n’est pas la seule association étudiante à organiser le bizutage à l’Université.

Nous tenons également à vous rappeler la circulaire ministérielle du 28 septembre 2016 intitulée « Lutte contre le bizutage et accompagnement des étudiant.e.s lors des événements festifs » et diffusée par vos services le 9 octobre 2016. Cette circulaire rappelle votre responsabilité face aux pratiques de bizutage ayant lieu dans ou au nom de votre établissement et détaille différentes mesures visant à les décourager et à les sanctionner. En cette rentrée universitaire, nous vous invitons à mettre en œuvre les mesures préconisées par le ministère afin que cessent ces agissements :

 

Rappeler le cadre légal à l’ensemble de la communauté étudiante et au personnel.

–          Initier une politique d’établissement à ce sujet, associant l’ensemble de la communauté éducative.

–          Intégrer une rubrique consacrée aux sanctions disciplinaires en cas de bizutage dans le règlement intérieur de l’établissement.

–          Engager des poursuites disciplinaires visant à sanctionner les auteur.e.s des faits et des personnels ayant encouragé le bizutage ou se sont abstenus de toute intervention pour les empêcher.

–          Inciter les étudiant.e.s à s’exprimer sur ces pratiques en garantissant leur anonymat.

–          Organiser une concertation préalable entre l’équipe dirigeante de l’établissement et les organisateurs d’événements festifs afin de veiller aux activités proposées, aux mesures de sécurité et prévention, aux modalités de commercialisation des boissons alcooliques.

–          Assurer la présence de personnel de l’Université lors des événements festifs.

–          Rendre obligatoire la déclaration préalable succincte de l’événement de la part des organisateurs auprès de vos services, dès lors que la manifestation a lieu au titre de votre établissement. A défaut, interdire l’événement.

–          Systématiser la signature de charte de bonne conduite avec les associations susceptibles d’organiser des événements festifs sur le modèle élaboré par le ministère en 2012.

–          Ne pas financer, lors de l’attribution des subventions, les organisations méconnaissant les dispositions législatives et réglementaires, pénales notamment, concernant les différentes formes de discriminations (sexisme, racisme, homophobie, transphobie…).

 

De notre côté, nous porterons une extrême attention à tout signalement de bizutage émanant des étudiants et étudiantes.

 

Sud Éducation Calvados et Syndicat de Luttes Caen

 

Refusons les humiliations organisée et la médiocrité corporatiste !

N’hésitez pas à nous contacter  pour plus d’informations.

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