SL-Caen relaye et appui toutes les formes de mobilisation contre le « plan étudiant » de la ministre Frédérique Vidal.
Tous et toutes en Assemblée Générale le mardi 30 janvier !
Communiqué du 24 novembre 2017.
Fin de la compensation à l’Université, la ministre prise la main dans le sac
Nous pensions tout savoir sur la réforme imposant la sélection à l’entrée de la licence. Malheureusement, le pire est toujours possible, et nous avons eu la surprise d’apprendre que Mme la Ministre comptait supprimer le système de compensation.
Le 16 novembre dernier, la Ministre chargée de l’Enseignement Supérieur recevait les vice-président·e·s des Commissions Formation et Vie Universitaire (CFVU) des Universités dans le but de préciser des éléments de la réforme, notamment la suppression du système de compensation.
La compensation est le système qui permet de valider une Unité d’Enseignement (UE) où l’étudiant·e n’a pas la moyenne en tenant compte de la moyenne globale du semestre. Si l’étudiant·e a plus de 10 en moyenne sur le semestre, il/elle valide l’UE. De même, il existe le même système de compensation entre semestres au niveau d’une année universitaire.
La ministre n’a pas pris la peine d’en informer les organisations étudiantes et reconnaît que cette mesure risque d’être particulièrement impopulaire. En effet, le système de compensation permettait de réussir ses études sans être pénalisé·e par des accidents (on peut être malade le jour du partiel, ne pas avoir compris le sujet alors qu’on maîtrise normalement la matière ; de même, il arrive qu’un semestre ne soit pas bien réussi pour diverses raisons). Il est étonnant que, pour une réforme censée améliorer la réussite, on prenne une mesure qui ne fera qu’augmenter l’échec, notamment des étudiant·e·s précaires. Nous pouvons craindre que des dispositifs similaires comme « l’enjambement » (possibilité de valider des UE d’une année à l’année supérieure) subissent le même sort avec les mêmes conséquences.
Pourquoi cette suppression ? Il faut savoir que la « personnalisation » des parcours promises par le gouvernement correspond en fait à une modularisation des parcours. Cela signifie que les UE qui étaient ici pensées en lien avec les autres au sein des maquettes de formations deviennent indépendantes. La ministre révèle entre autres que les inscriptions pédagogiques ne se feront plus au semestre et à la licence mais à l’UE. Par conséquent, il n’y aura plus de lien entre les UE. De plus, comme la licence ne se fera plus en trois ans mais de deux à quatre ans, les systèmes de compensation deviennent inopérants aussi bien au sein de l’ancien semestre qu’entre « semestres ». En outre, il risque d’apparaître le système qui existe en Espagne : des frais d’inscription non plus à l’année mais à l’UE avec une augmentation si l’étudiant·e a échoué une première fois l’UE.
Voilà un exemple concret où, via la mise en place de dispositifs individuels on s’attaque aux droits collectifs. Ce système de compensation issu des luttes collectives de 2002 contre la réforme Licence-Master-Doctorat donne une garantie à tou·te·s les étudiant·e·s. Les contrats individuels mis en avant par le gouvernement livrent les étudiant·e·s aux caprices des enseignant·e·s et des directions des établissements.
Enfin, nous nous interrogeons sur la méthode employée. La ministre nous avait promis de tout faire dans la transparence et la concertation. Or, cette mesure importante concernant les étudiant·e·s a été décidée sans consulter qui que ce soit. De telles méthodes n’étonnent pas notre fédération, il est cependant dommageable que nombre d’organisations se soit laissées prendre au piège.
Contre la loi Vidal et pour les droits des étudiant·e·s, mobilisons-nous !!!
Communiqué du 3 décembre 2017.
Des conséquences plus que floues de la réforme de la licence pour les bourses !
Le 16 novembre dernier, lors d’une rencontre avec les Vice-Président·e·s des CFVU (Commission de la Formation et de la Vie Universitaire) des universités, la Ministre chargée de l’Enseignement Supérieur, Frédérique Vidal, en plus de signaler la fin du système de compensation, a déclaré que le système de bourse au niveau de la licence sera transformé par rapport au système actuel. Il ne sera plus lié au statut d’étudiant·e mais au « contrat pédagogique » passé entre l’étudiant·e et l’établissement.
Jusqu’à maintenant, les bourses étaient attribuées sur critères sociaux (et non académiques) : revenus des parents, distance entre lieu d’études et domicile parental, nombre d’enfants scolarisés à charge. Ce système de bourses s’applique de la façon suivante : 5 années de bourses au maximum en licence, avec la possibilité d’utiliser deux années de bourses au maximum pour la même année (L1, L2 ou L3), donc aucun redoublement possible de L3 si L1 et L2 ont été redoublées. En master, le système fonctionne sur le même principe : 3 années de bourses au maximum pour les 2 années de master, dont 2 maximum par année (M1 ou M2). Pour l’ensemble du cycle (licence + master), les droits aux bourses sont en tout, non pas de 8 ans (5 + 3), mais de 7 ans maximum : en ayant utilisé 5 années de bourses, on ne pouvait revendiquer que 2 ans de bourses sur le cycle de master.
Cependant, ce système était mis à mal ces dernières années par les politiques des CROUS qui traquent les « fau·x/sses étudiant·e·s » en demandant aux établissements de faire remonter les absences des étudiant·e·s aux partiels, voire aux TD. Cette politique discrimine les étudiant·e·s boursièr·e·s qui doivent travailler ou qui peuvent être absent·e·s pour d’autres raisons (médicales par exemple). Cela est en fin de compte similaire à la politique menée pour toutes les prestations sociales : un soupçon généralisé à l’encontre des plus pauvres.
Mais la ministre veut aller encore plus loin : elle compte « contractualiser » le rapport entre l’étudiant·e et l’université. Par conséquent, tout ce qui est relatif aux absences, examens et validations d’UE ne sera plus réglé par les règlements (arrêté ministériel, règlement des études, règlement des examens, etc.) mais par des contrats, théoriquement différents d’un·e étudiant·e à l’autre, et d’une université à l’autre : cela causera inévitablement de grandes inégalités. Pire encore, la ministre veut que les bourses soit également régies par ce contrat !
La fédération Solidaires étudiant·e·s s’oppose fermement à cette contractualisation et individualisation des parcours étudiants. En effet, ce système laisserait aux établissements et aux CROUS toute latitude pour imposer aux étudiant·e·s les exigences les plus absurdes, comme le nombre d’UE minimum à valider ou l’obligation de présence à toute une série de cours. De plus, des questions demeurent en cas de réorientation au sujet de la conservation du droit à la bourse : si l’on change de « contrat pédagogique » durant notre cursus, pourra-t-on toujours avoir droit à des bourses ? Rappelons qu’avec la modularisation extrême que veut imposer le ministère, une même licence pourra durer de 2 à 4 ans selon le contrat pédagogique signé. Par conséquent, on peut se demander ce que vaudra le droit actuel aux 5 années de bourses : on peut très bien imaginer que sur une licence en 4 ans, un seul redoublement pourrait être autorisé sans perdre son droit aux bourses. La moindre UE ratée pourrait également engendrer la perte des droits de bourses. Pire encore, sur un cycle licence + master qui pourra durer 6 ans (4 + 2), le droit actuel de 7 années de bourses ne pourrait autoriser qu’un seul « plantage » sur tout le cursus. Et ce, alors qu’il n’est pas certain que ce droit de 7 années de bourses ne sera pas sévèrement revu à la baisse à l’occasion de cette réforme !
À noter que notre fédération ne dispose encore ni d’élu·e au Conseil National de l’Enseignement Supérieur Et de la Recherche (CNESER), ni au conseil d’administration du Conseil National des Œuvres Universitaires et Scolaires (CNOUS). Nous n’avons pas non plus été invité·e·s aux concertations du ministère, et nous n’avons pas pu par conséquent poser cette question lorsque nous avons appris le projet des licences de 2 à 4 ans. L’UNEF n’a pour l’instant fait aucun commentaire à ce sujet. Quant à la FAGE, elle a qualifié de victoire le fait que l’année de césure n’empêchait pas de conserver les bourses. Or, l’année de césure s’inscrit sans mal dans le cadre du contrat pédagogique voulu par la Ministre. Leurs élu·e·s au CNESER et CNOUS auraient pu poser la question. Nous les engageons à le faire à l’avenir.
Contre le projet de loi Vidal et pour les droits des étudiant·e·s, mobilisons-nous !